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blit et solemnisa, en l'église des Augustins de Paris, son nouvel ordre de chevaliers du Saint-Esprit (0 en grande magnificence; et les deux jours suivans traita à dîner audit lieu ses nouveaux chevaliers, et l'après-dîner tint conseil avec eux. Ils étoient vêtus de barrettes de velours noir, chausses et pourpoint de toille d'argent, souliers et foureaux d'épées de velours blanc; le grand manteau de velours noir, bordé alentour de fleurs-de-lys d'or, et langues de feu entremêlées de même bro­derie, et des chiffres du Roy de fil d'argent, ct tout doublé de satin orenge; et un autre mantelet de drap d'or en lieu de chaperon par-dessus le grand manteau, lequel mantelet étoit enrichi comme le grand manteau de fleurs-de-lys, langues de feu et chiffres; leur grand collier entrelassé des chiffres du Roy, fleurs-de-lys et langues de feu CO, auquel pendoit une croix d'or in­fo Chevaliers du Saint-Esprit: Cet ordre étoit nouveau en France; mais il étoit connu dès Tan 1353. Louis d'Anjou, roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile, fils de Philippe, prince de Tarente, qua­trième fils de Charles 11, dit le Boiteux, qui descendoit de Charles de France, frère de saint Louis, l'avoit institué à Naples sous le titre da Saint-Esprit au droit désir. Il ne seroit resté aucune trace de cet ordre, si l'original des statuts que Louis d'Anjou avoit rédigés n'étoit tombé au pouvoir de la république de Venise, qui en fit présent à Henri m à son retour de Pologne, comme d'une pièce rare, et d'un monument précieux pour la maison de France. On en trouve une copie à Ia bi­bliothèque du Roi ; on ignore ce qu'est devenu l'original. — fi) Fleurs» de-lys et langues de f eu : Ce collier devint le sujet de la critique des mécontens. Les uns disoient que ces chiffres étoient des enseignes qui couvroieut plutôt des mystères d'amourettes que de religion; d'autres prétendoient que les différentes couleurs désignaient la mai­tresse et les mignons du Roi ; que les chiffres représentaient son nom, etc. ; enfin on n'approuvoit pas ces monogrammes équivoques sur un collier d'un ordre institué en l'honneur du Saint-Esprit En 1614, ce collier fut réformé, et Ton y mit des trophées d'armes» ornemens plus convenables à un ordre militaire.
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